Damien Hirst à la Fondation Pinault de Venise

Géant de 18 mètres de haut en résine peinte, copie d’un bronze plus petit retrouvé dans l’épave.

 

Nous dit Shakespeare dans « La Tempête » :

« …par cinq brasses de fond repose ton père,
ses os, ce sont le corail,
ce que furent ses yeux, les perles,
rien en lui de périssables, que des mers ne change le sable, en du riche et de l’étrange,
et les nymphes de l’onde amère, sonnent son glas d’heure en heure. » C’est exactement ce qui est arrivé dans cette exposition « Trésors du naufrage de l’ Incroyable » qui a de l’inouï et de la démesure.

En 2008, un bateau naufragé a été découvert au large des côtes de l’ Afrique de l’Est. On suppose qu’ il s’agit du légendaire bateau de Cif Amotan II, un esclave affranchi d’ Antioche qui vécut du milieu du premier siècle au début du deuxième siècle après Jésus-Christ.

Dans l’ Empire romain, les esclaves affranchis pouvaient s’enrichir en s’impliquant dans les affaires financières de leurs anciens maîtres. L’histoire d’ Amotan raconte que l’esclave accumula, devenu libre, une immense fortune qui lui permit d’acquérir une collection d’objets uniques au monde réunis à bord d’un navire colossal l’ « Apistos », l’ « Incroyable » en grec, destiné à un temple construit pour contenir son extraordinaire collection.

Mais le navire sombra. L’ inestimable collection resta immergée dans les profondeurs de l’ Océan Indien pendant près de 2000 ans, avant qu’il ne soit découvert en 2008 près des anciens ports commerciaux de l’ Azanies (côte sud-est de l’ Afrique). Près d’une décénnie après le début de fouilles maritimes complexes et minutieuses, cette exposition rassemble 189 œuvres retrouvées lors de cette fabuleuse découverte.

La mer a rendu ces trésors perdus, mais elle les a marqués de son empreinte. Ainsi les objets précieux sont-ils sortis des eaux revêtus de nouvelles couleurs et de formes spectaculaires, marqués par des siècles de cohabitation avec les coraux, les algues, les éponges et les couches de dépôts marins. Certains ont été délivrés des sédiments marins, révèlant la richesse de leurs matériaux précieux : malachite, jade, lapis-lazuli, cristal de roche, or argent, marbres et granits de toutes les couleurs.

Tadukheda, épouse d’Akhenaton d’Egypte. Marbre de Carrare

 

De nombreuses sculptures, inscrustées de coraux et autres espèces marines, sont exposées avant leur restauration, au point de les rendre méconnaissables. Des copies contemporaines des artefacts, réalisées pour l’exposition par l’artiste anglais Damien Hirst d’après les formes originales des œuvres, sont aujourd’hui exposées au public.

C’est la première dois que la Collection Pinault confie à un seul artiste ses deux espaces vénitiens, Palazzo Grassi et Pointe de la Douane, avec une surface d’exposition de plus de 5000 m2. C’est aussi le projet le plus ambitueux de Damien Hirst. Dix ans de travail ont été nécéssaires pour porter à terme ce projet, narrant l’histoire du vaisseau antique Apistos, de son naufrage et de la redécouverte de sa précieuse cargaison deux mille ans plus tard.

Hydre grecque trouvée au fond des océans

 

L’ Exposition « Trésors du naufrage de l’ Incroyable » est ouverte  jusqu’au 3 décembre 2017, au Palais Grassi et à la pointe de la Douane à Venise.

Hydre purifiée de son séjour marin de 2000 ans (copie en bronze)

Pour plus d’infos:

http://www.palazzograssi.it/

Vidéo sur l’expo:

https://www.instagram.com/p/BSk3VY5BY8S/?taken-by=palazzo_grassi&hl=it

https://www.instagram.com/p/BSnfTVnhp8A/?taken-by=palazzo_grassi&hl=it

Pubblicato da Hélène Sadaune

Master II d'Histoire Moderne de la Sorbonne Paris IV, j'ai travaillé pendant plus de 20 ans pour la C.E. Résidente depuis plus de trente ans à Venise, guide conférencière à Paris et Venise, je suis une passionnée de la civilisation vénitienne et de cette ville hors-norme. Comptez sur moi pour vous tenir informé!

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