“Tous les salauds ne sont pas de Vienne” d’Andrea Molesini

Andrea Molesini est un vénitien professeur de Lettres et Civilisations Comparées à l’Université de Padoue, la plus ancienne d’Italie (fondée en 1222) avec celle de Bologne, où il enseigne avec bonheur la littérature italienne comparée à celle des Etats-Unis.

En 2011, il a surpris tout le monde par la force de son premier roman “Tous les salauds ne sont pas de Vienne” qui a d’ailleurs remporté le Prix Campiello, prix national italien désignant le meilleur roman de l’année.

Andrea Molesini est également un amoureux fou de Paris, comme bien d’autres sont des amoureux fous de Venise, et il y habite pendant les vacances universitaires, y trouvant l’inspiration propice à l’écriture, hors de sa ville natale trop peuplée de connaissances qui le distrait trop.

C’est un roman qui nous rappelle dans sa thématique l’inoubliable roman de VercorsLe silence de la mer” qui avait été porté à l’écran en 1947 par Jean-Pierre Melville puis en 2004 par Pierre Boutron.

Mais là, nous avons une nouvelle version vue du front de la Vénétie, occupée par les troupes Autro-Hongroises en 1917, durant la première guerre mondiale. C’est un portrait de famille haut en couleur et savoureux pour la description des personnalités des protagonistes, dont le pire rôle n’est pas tenu, comme son nom l’indique par l’aristocratique Rudolf von Feilitzsch de Vienne, qui occupe la noble Villa Spada avec ses officiers et ses troupes à proximité du front en Vénétie.

Le plus jeune de la famille, Paolo, dix-sept ans à l’époque du récit, raconte cette étrange cohabitation où l’ennemi parfois n’est pas celui que l’on croit, où les aristocrates européens devinent la fin de leur monde fait de civilités et de culture face à la montée d’un nouveau monde fait de valeurs serviles où l’éducation et le savoir, l’Honneur, le sens des responsabilités et le savoir-vivre ne comptent plus guère.

Il s’agit donc de la chronique d’une occupation avec son lot de vexations et de compromissions, où se dessine un formidable portrait de famille comme les aiment les Français. C’est aussi l’initiation d’un jeune qui devient homme pendant la première guerre mondiale, avec ses privations inouïes, puisqu’on en vint à manger tout ce qui bougeait, des mulets aux chevaux, en passant ensuite aux chats et chiens puis au rats, sans négliger les inconforts cruels de la guerre puisque tout ce qui était transportable fut emporté en Autriche: les cloches des églises, l’ argenterie, tableaux, petits meubles, la lingerie, les chaussures en cuir qui faisaient cruellement défaut jusqu’aux confortables matelas de laine réquisitionnés, obligeant les autochtones à dormir sur des matelas remplis de feuilles de maïs, dures et cassantes….La violence aussi ne nous est pas épargnée faite des conflits armés sur les fronts, les blessés soignés comme on peut par des docteurs souvent improvisés, sans médicaments et sans anesthésie. Un roman passionnant et dur où on a tôt fait de s’attacher au jeune Paolo et sa singulière famille où les femmes ne comptent pas pour du beurre.

Tous les salauds ne sont pas de Vienne” est édité par Livre de poche, en version française.

Www.livredepoche.com

Pour en savoir plus sur l’auteur

www.andreamolesini.it

Pubblicato da Hélène Sadaune

Master II d'Histoire Moderne de la Sorbonne Paris IV, j'ai travaillé pendant plus de 20 ans pour la C.E. Résidente depuis plus de trente ans à Venise, guide conférencière à Paris et Venise, je suis une passionnée de la civilisation vénitienne et de cette ville hors-norme. Comptez sur moi pour vous tenir informé!

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