“Venise” de Philip Plisson

“Venise” de Philip Plisson, Editions de La Martinière

Tous les Français connaissent Philip Plisson, même ceux qui pensent ne pas le connaître. Philip Plisson est l’étoile de la Trinité sur Mer en Bretagne, celui qui a réalisé les plus belles photos de tempêtes et de phares bretons malmenés par les vagues en fureur. Ce même Philip Plisson est aussi un amoureux inconditionnel de Venise, qui a mis son talent de photographe professionnel en hommage à la beauté de la ville.

“Venise” de Philip Plisson, Editions de La Martinière

Le beau livre sur “Venise” signé Philip Plisson vaut son pesant d’or (et il pèse!) c’est 264 pages de bonheur à la découverte de la vraie Venise, celle que vous vivez au jour le jour, en tant que résident d’ un jour comme pour toujours. Et c’est justement cela qui m’ a plu de ce livre: résidente à Venise depuis trente ans, aimant passionnément cette ville hors du commun, ce fut un bonheur pour moi de retrouver ma Venise, celle que je vis et que je vois quotidiennement dans ma vie de tous les jours. Les lieux qui sont ceux que fréquentent tous les résidents, le marché du Rialto, les promenades les plus belles aux Zattere, sur la rive degli Schiavoni, Venise et ses îles, ses nombreux bateaux variés qui peuplent notre quotidien, ceux des transports en commun, vaporetti et motoscafi mais aussi les gondoles, les bragazzi, ceux de l’AMAV transportant les ordures ménagères vers la Terre-Ferme, les “topo” des jeunes et des résidents qui ne veulent pas prendre les transports en commun, loin de la foule, et surtout un vrai miracle de couleurs.

“Venise” de Philip Plisson, Editions de la Martinière

 

Venise est une ville multicolore. Certes on peut la reprendre artificiellement en Noir & Blanc, mais sa vraie nature, c’est une explosion de couleurs dans la plus grande tradition de la peinture de l’ école de Venise, qui a su rendre si bien la richesse des nuances et la diversité des couleurs de cette ville selon les heures, les saisons, la pluie ou le brouillard, l’orage faisant virer le ciel au noir menaçant, içi tout change, en fonction des marées, du soleil se reflétant sur la lagune et les nuages qui décorent le ciel et se réverbèrent sur les canaux.

Crédit photo: Philip Plisson

Le livre de Philip plisson montre la ville sous un jour  moins connu mais plus authentique, vu depuis l’eau, dans une embarcation quelle qu’elle soit. Qui n’a pas résisté à la magie d’une balade sur un vaporetto de la ligne n°1 le long du grand canal à la découverte des palais vénitiens, dans la plus belle avenue – aquatique- du monde. Et cela est fondamental car Venise ne serait pas Venise sans être posée comme un nénuphar sur sa lagune, elle serait une ville (presque) comme les autres.

“Venise” de Gustave Moreau. L’allégorie de Venise, une belle femme hiératique avec ses joyaux, accoudée sur le fidèle lion ailé de Saint-Marc, posés sur la lagune de Venise comme un nénuphar.

 

Tel était le pari de Philip Plisson: réussir à créer un livre original de photos de Venise prises de la lagune, depuis des bateaux, dans des canaux, de la Venise que vous pouvez voir tous les jours si vous vous levez tôt, avant l’arrivée du tourisme de masse, les 80.000 excursionistes quotidiens environ qui arrivent vers 10h pour repartir vers 18h et qui nous pourrissent la vie, à tous les résidents qu’ils soient stables ou pour un jour, puisque la ville ne compte plus que 54.000 habitants dans le centre historique. L’exode continue alors que cette ville magique a tant à offrir. La faute à cinquante ans d’inaction de la part des pouvoirs publics, qui n’ont jamais tenté de stopper la dispora et encore moins de repeupler la ville, de la rendre attractive pour de nouveaux résidents, alors que de très nombreuses personnes ne demanderaient pas mieux que de venir y vivre régulièrement. Mais ceci est une autre histoire.

“Venise” de Philip Plisson, Editions de la Martinière

 

Le livre de Philip Plisson est superbement raconté par Arièle Butaux, autre grande amoureuse de Venise, qui raconte avec tendresse comme on s’y sent bien et protégé, on est dans un autre monde “Alter Mundus” comme disait déja Pétrarque au XIV ème siècle, où tout est enchantement à qui sait voir (en s’arrêtant sur les détails souvent juste au dessus de vos yeux ou à vos pieds) et écouter les multiples clochers sonner aux heures dues, les avertissements sonores des gondoliers, la rumeur créée par tous ceux qui sont sur la même place dite “Campo” que vous et se laisser porter par le rythme des marées, si étrangement lent qu’il vous berce comme une litanie. Içi, nous sommes hors du temps artificiel des grandes villes, içi le temps s’est arrêté, et c’est pour cela qu’il fait si bon y vivre.

Crédit photo: Philip Plisson

Prendre le temps de boire un café avec un ami qui est apparu sur la place où vous vous trouvez en ce moment, échanger des paroles avec vos fournisseurs préférés de poisson, pain aux olives et fruits et légumes variés de Saint-Erasme, qui ont un goût sans rapport avec ce que vendent les supermarchés, d’aller boire un spritz sur un campo, avec un copain qui a déboulé lui aussi au coin de la “calle” etc.. Si vous voulez être à l’heure à Venise, partez avec au moins 10 à 15 min d’avance dans le cas où vous rencontrerez vos connaissances chemin faisant…Douceur de vivre car tout ceci ne pourrait arriver dans une grande ville où il faut se donner rendez-vous une semaine à l’avance pour pouvoir se retrouver autour d’un verre…C’est aussi cela l’art de vivre à Venise, cette douceur de vivre calme et sereine des amis rencontrés le long de votre chemin. Car pour marcher, vous marchez. Toute la ville est piètonne: pas de voiture, pas de bicyclettes assassines qui risquent de vous renverser comme à Paris. La paix.

“Venise” de Philip Plisson, Editions de La Martinière

Arièle Butaux écrit: “Les amoureux de Venise se voient au premier coup d’oeil. Ils n’ont pas l’arrogance des touristes qui ont payé pour voir, veulent tout découvrir tout de suite et se comportent en consommateurs. Ils diffèrent des Vénitiens qui, orgueilleux de leur ville et conscients de vivre dans un joyau, en tirent un léger sentiment de supériorité mais oublient parfois de s’émerveiller. Les amoureux de Venise sont discrets et retiennent leurs soufflent comme s’ils voulaient se fondre dans la ville. Ils savourent, dégustent chaque instant avec respect et gratitude, et se reconnaissent entre eux”. Bienvenue au club!

Crédit photo de Philip Plisson de San Francesco del Deserto

Un passage du livre m’a beaucoup fait rire, celui où Arièle s’étonne et s’agace que les différentes polices sur l’eau lui contrôle toujours ses papiers. Pourtant elle n’a pas l’air louche, tout est en règle. Bien au contraire, elle est charmante dans sa belle robe blanche…A la fin de son séjour d’été et après moult contrôles de tout le personnel flottant, on lui avoue finalement pourquoi elle est toujours contrôlée: parce que c’est une jolie femme, bien habillée et toujours charmante, alors ils sont contents de venir lui rendre visite! Propos insoutenable dans une France ravagée par les propos distendus du mouvement LGBT? Peut-être, mais pour une femme-femme, cela reste aussi une ôde à sa féminilité: “ Vous comprenez Signora, d’habitude les femmes ne conduisent pas les bateaux. Alors on veut juste vous voir de près. Et puis vous avez une si jolie robe!Voilà. Si tu es une femme, sache que les policiers qui t’arrêtent sur l’eau ne sont animés d’aucune mauvaise intention. Ils sont simplement curieux, un peu drageurs, souvent beaux gosses et sans doute un peu désoeuvrés dans une ville où la criminalité est quasi inexistante. Ils font partie du décor avec leur bronzage et leurs jolis uniformes (…) et le jour où ils cesseront de m’aborder je serai finalement un peu triste que soit révolu le temps où ma petite robe blanche pouvait faire dévier de sa trajectoire une vedette de la police vénitienne.” Ceci fait  aussi partie du charme de Venise!

motoscafo des carabiniers à Venise

www.plisson.com

Où le commander avec une remise de 5% pour les fêtes de fin d’année:

http://0nkh.mj.am/nl2/0nkh/1n4gy.html?m=AEsAAJBL408AAUjWIfQAACaOWdwAAIGiy9cACsSFAAEmcwBaNhsdQIV_BKnsSP-ZTKHrzXRqjgABGsU&b=e709617e&e=0a1d10c9&x=ftLVCyPtSNWVgMRD-QeuMbTi7GNtBAkQxgH6GUT4Vi8

A Venise, il est disponible chez Mare di carta, à San Croce 222:

www.maredicarta.com

 

Pubblicato da Hélène Sadaune

Master II d'Histoire Moderne de la Sorbonne Paris IV, j'ai travaillé pendant plus de 20 ans pour la C.E. Résidente depuis plus de trente ans à Venise, guide conférencière à Paris et Venise, je suis une passionnée de la civilisation vénitienne et de cette ville hors-norme. Comptez sur moi pour vous tenir informé!

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