CARMINA BURANA de Carl Orff sur la place Saint-Marc

©Hélène sadaune
Le concert d’été organisé par le Teatro La Fenice est devenu à juste titre une institution. Quel plus bel écrin, ou plus beau décor, peut-on rêver que celui formé par l’ensemble des Procuraties, pour un spectacle musical? Ce samedi 9 juillet, à 21heures, la nuit n’était pas encore tombée, et voir le ciel changer, tout au long du concert, passant de nuances de rose traversé de nuages, au vert pâle, puis du vert émeraude à un bleu toujours plus intense, contribuait en quelque sorte à parfaire la mise en scène de cette cantate pour solistes, chœur et orchestre que sont les Carmina Burana, œuvre composée en 1936 par l’Allemand Carl Orff (1895- 1982) et créée à Francfort en 1937.
©Hélène sadaune
Ces poèmes médiévaux anonymes du XIIIe siècle, mêlant religion, paillardise, morale et amour, ont été choisis et réunis par le compositeur qui s’en est emparé pour leur communiquer une couleur sonore très nouvelle, privilégiant avant tout un rythme très vif, une fougue, une joie de vivre, avec des sonorités souvent étranges, presque inquiétantes, puis soudain pleines de douceur et d’harmonie, chaque texte se succédant dans un climat à chaque fois divers et inattendu. L’ensemble dure à peine plus d’une heure, et il exerce toujours sur le public une véritable fascination, tant l’œuvre est originale, véritable objet musical unique dans l’histoire de la musique européenne de l’entre-deux guerres. C’est le chef Fabio Luisi qui dirigeait avec maestria le chœur (maître du chœur: Alfonso Caiani) et l’orchestre de La Fenice, l’un comme l’autre s’étant montrés absolument parfaits et habités par leur partie. N’oublions pas la participation des Piccoli Cantori Veneziani dirigés par Diana D’Alessio. Très applaudis, eux aussi, les trois solistes: la soprano Regula Mühleman, le ténor Michael Schade et le baryton Markus Werba.
©Hélène sadaune
Le public, installé dans l’immense parterre aménagé sur la Piazza, a pu profiter d’une soirée exceptionnelle. Quel plaisir, avant le spectacle, de voir déambuler dans le «grand salon des Vénitiens» tant de jolies femmes bien habillées et de messieurs élégants… Le succès du concert a été si grand que l’ensemble a dû donner en bis le célèbre O Fortuna, sans doute le moment le plus fameux de cette cantate à nulle autre pareille, et dont les accents ont fait vibrer le cœur du public et les vieilles pierres de la majestueuse Piazza San Marco. Une très belle réussite à porter au crédit de La Fenice, et dont les spectateurs de Rai 3 ont pu profiter en direct dans toute l’Italie.
©Hélène sadaune

Pubblicato da Robert de Laroche

Journaliste, longtemps producteur et animateur de radio, ainsi qu’éditeur (La Tour Verte), Robert de Laroche est français et vit depuis 2021 à Venise. En tant qu’écrivain, il a consacré plusieurs ouvrages à la cité: Chats de Venise, Lagune vénitienne, Florian Venezia 1720, Venise sauvée par ses chats. Récemment, il a commencé à écrire des romans noirs situés dans la Venise du XVIIIe siècle: La Vestale de Venise (Folio Policier, 2022),suivi par Le Maître des esprits.

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