de Giacomo Puccini, tragédie japonaise en trois actes, livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d’après le récit de John Luther Long et de la tragédie japonaise “Madame Butterfly” de David Belasco. Première représentation absolue au Teatro alla Scala de Milan le 17 février 1904. La version représentée à la Fenice est celle de 1907.
Chef d’orchestre, le romain Sesto Quatrini, impeccable dans son execution, réalisateur l’espagnol Alex Rigola, scénographe et styliste Mariko Mori, Albert Faura light designer. Dans le cast, une extraordinaire Monica Zanettin soprano, dans le rôle de Cio-Cio-San, qui a su donner le meilleur d’elle-même avec dédition (Monica Zanettin est née à Trévise et a réalisée ses études au conservatoire Benedetto Marcello de Venise). Manuela Custer, mezzosoprano, est Susuki, qu’elle incarne à la perfection. Julie Mellor, mezzosoprano, interprète le rôle ingrat de Kate avec philosophie. Vicenzo Costanzo, ténor, est un fabuleux Pinkerton, très crédible dans son rôle joué avec sentiment. Alberto Mastromarino, baryton, est Sharpless. Cristiano Olivieri, ténor, est Goro. Armando Gabba, baryton, interprète avec conviction le prince Yamadori. Cristian Saitta, basse, est l’oncle Bonzo. Et comme toujours, l’orchestre du Teatro La Fenice nous enchante sans jamais nous decevoir.
Une remarque toutefois concernant la mise en scène et les décors ultra-minimalistes voire inexistants comme à la fin du spectacle de Mme Butterfly, au point que l’on glisse d’une nudité étudiée à la pauvreté. Certes, le minimalisme peut être élégant par sa sobriété. Mais tout est question de nuances, Voir une scène complètement vide, à part quelques rares objets, dénote un regrettable manque d’imagination. La bravoure des musiciens et des chanteurs lyriques réussissent partiellement à nous faire oublier ce vide extrême et on ne peut s’empêcher de penser que cette scène décorée avec fantaisie et une abondance de détails originaux aurait pu nous faire rêver. Ce que le vide ne peut pas apporter, puisqu’il est la négation de la richesse et de l’originalité. Malheureusement, désormais presque tous les réalisateurs et scénographes font du vide, ce qui est devenu d’une banalité affligeante.
Aussi est il temps de nous rendre ( et là je parle au nom des nombreux spectateurs irrités par cette triste tournure) des décors fantastiques et débordant de créativité, afin de recommencer à nous faire rêver. Pourquoi vient-on assister à ces spectacles vivants? Pour y entendre une version fidèle et mélodieuse de nos airs préférés, en découvrir d’autres, mais aussi pour être transporté dans une autre dimension, le temps du spectacle choisi. Où voulez vous être transporté face à une sinistre scène vide, zéro décor ou presque, le vide seulement colorié grâce à l’intervention du Light designer?
L’imagination a besoin d’être nourrie et des beaux costumes sur une immense scène déserte illuminée ne suffit pas. J’espère donc, et je parle au nom d’un nombre de spectateurs beaucoup plus important que les réalisateurs ne se l’imaginent, que ce déprimant courant va prendre fin et que la redécouverte de l’imaginagion et de la créativité va enfin réapparaître sur les scènes internationales. Pour répondre enfin aux attentes du public.
On m’ objectera sans doute que la création coûte chère alors que le vide non. Toutefois, les magnifiques représentations réalisées au Teatro Malibran avec la collaboration active et débordante de créativité des étudiants des Beaux-Arts de Venise nous démontre que l’on peut réaliser de superbes scénographies, originales et d’une grande richesse, sans dépenser des sommes folles. Utilisons donc nos jeunes talents qui ne demandent pas mieux. Faisons davantage confiance aux jeunes créateurs émergeants sans brider leur originalité en les obligeant au vide interstellaire (et encore, il y a les étoiles dans l’Espace). Le vide est le contraire de la vie. Il est temps d’abandonner ce cycle nihiliste pour offrir des productions digne d’une renaissance pleine de surprises comme seule sait l’être la vie.
Représentations du 10 septembre au 22 septembre à 19 h et plus précisèment le 16, 18, 20 et 22 septembre.
https://www.teatrolafenice.it/