La vestale de Venise de Robert de Laroche

Vous êtes un(e) passionné(e) de Venise? Vous adorez les chats? Vous aimez les romans policiers historiques? La Vestale de Venise est faite pour vous.

L’écrivain Robert de Laroche est célèbre pour son original “Venise sauvée par ses chats” et pour ses très nombreux livres dédiés à cette ville.  Quoi de plus naturel que Robert ait décidé de venir y vivre de manière permanente? C’est chose faite depuis ce Noël, pour son plus grand bonheur. Il faut dire que Robert y avait déjà vécu plusieurs années auparavant, nourrissant un amour sincère pour cette ville, dont il a une connaissance approfondie, aussi bien de son histoire,  de sa langue et de ses rues: il est un véritable vénitien d’adoption.

Ce bonheur de venir y vivre définitivement a été couronné par la gloire méritée d’intégrer l’équipe frigante de l’éditeur Gallimard,  juste reconnaissance de son talent de narrateur d’excellence de Venise. Il y a de cela quelques années, du fin fond de sa verte Normandie, sa créativité a donné le jour à une série de romans policiers historiques dont le premier “La Vestale de Venise” est le début d’une série  féconde sur fond de Sérénissime.

Dans tout son roman, nous respirons Venise comme on respire une brise marine bienfaisante. Et nous retrouvons tout au long du livre la charmante et confortante présence des deux chats du Nobiluomo Flavio Foscarini, toujours décrits avec tendresse. Les amis des chats apprécieront cette attention donnée aux félins dans son oeuvre.  Autre particularité de Robert de Laroche, son grand respect des femmes, tangible dans tout son récit. Les femmes y jouent en effet un rôle très important: l’épouse du Nobiluomo Foscarini mais aussi de son ami Gasparo Gozzi, l’artiste Rosalba Carriera, la cuisinière, les Amazones et autres Vestales conspiratrices etc. 

Robert m’écrivait l’année dernière: “Et si la Venise de 1740 était la Cité des femmes?”. Je te répond oui cher Robert, Venise était la cité des femmes par excellence au XVIIIe siècles. Ce n’est pas pour rien si les nombreuses allégories de Venise au Palais Ducal – centre du gouvernement vénitien – sont toujours symbolisées par une très belle jeune femme à la peau laiteuse, à la longue chevelure dorée et aux yeux bleu ciel, somptueusement vêtue, telle Junon, déesse parmi les déesses. Venise a toujours été une femme et une femme bienveillante avec ses semblables.

Nulle part ailleurs comme à Venise, les femmes ont été aussi libres qu’à Venise. De devenir docteur en philosophie comme Elena Corner Piscopia en 1678, libres dans leurs mouvements et dans leurs vies professionnelles pendant que leurs maris voyageaient dans leurs comptoirs commerciaux à Byzance, Paris, ou le lointain Orient, libres de demander la séparation légale d’avec leurs conjoints dès le XVI ème siècle avec le Décret Ducal de 1559 permettant aux femmes de se séparer de leurs maris en cas de mésentente, ou le décret ducal de 1553 autorisant la restitution de la dote des jeunes veuves (les maris ayant généralement une dizaine d’années de plus qu’elles, ils mourraient donc plus tôt que ces dernières) afin qu’elles puissent se remarier facilement et se refaire une nouvelle vie à l’abris du besoin.

Oui Venise était la Cité des femmes, bien que les hommes soient toujours restés sur le devant de la scène politique. Guillaume Appolinaire l’a également saisi, suite à la traduction des poésies érotiques de Giorgio Baffo, contemporain de la Venise décadente:” Le Baffo était content de son époque, il était heureux de vivre à Venise, ville amphibie, cité humide, sexe femelle de l’Europe”. Venise a toujours été une ville singulière. Son site singulier a donné le jour à des hommes singuliers qui ont donné le jour à des institutions singulières. Quoi de plus normal?

Dans la Vestale de Venise nos Sherlock en herbe sont deux gentilhommes vénitiens – Flavio Foscarini et Gasparo Gozzi, aidés de l’épouse de Flavio Foscarini, Assin-Anna Foscarini, qui revêt une position fondamentale dans cet ouvrage – au temps de la fastueuse Venise du XVIIIe siècle.  Avec ce polar riche en surprises, Robert de Laroche nous transporte dans le monde bariolé de la Venise d’antan et la fait revivre avec maestria. On se régale. Comme par magie, on se retrouve plongé dans la Venise triomphante de l’Ancien Régime, on suit nos deux investigateurs au Florian, au marché du Rialto, dans les calle sombres et tortueuses et dans les innombrables bars à vin, les fameux casinos privés de la haute société, dans leurs splendides demeures dont les portes s’ouvrent pour nous, nous faisant entrer dans la sphère du privé de cette époque révolue tant aimée, mais aussi dans les îles de Venise, à Murano et Burano, en gondole et tout ce qui fait la particularité de Venise.

Bref, la Vestale de Venise nous transporte dans un autre monde, celui de notre Venise chérie, pour notre plus grand bonheur, nous permettant de nous évader le temps de notre lecture dans la Venise que nous aimons.

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-policier/La-Vestale-de-Venise#

Pubblicato da Hélène Sadaune

Master II d'Histoire Moderne de la Sorbonne Paris IV, j'ai travaillé pendant plus de 20 ans pour la C.E. Résidente depuis plus de trente ans à Venise, guide conférencière à Paris et Venise, je suis une passionnée de la civilisation vénitienne et de cette ville hors-norme. Comptez sur moi pour vous tenir informé!

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